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Le roman d'un Trasher
7/10
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Alors qu’on attendait une suite à l’excellent Trash 2, l’annonce de son abandon il y a un peu moins d’un an et demi en avait déçu plus d’un·e. Ce qu’Izotope n’avait pas dit alors, c’est qu’il préparait un Trash 3 qui nous arrive aujourd’hui, bien décidé à ravir le titre d’arme de distorsion la plus massive du marché…

N’étant ni parti­cu­liè­re­ment orienté vers la simu­la­tion d’am­pli pour guitare/basse, ni pensé spécia­le­ment pour le clip­ping plus ou moins discret qu’on utilise au mixage, Trash est plus volon­tiers tourné vers un usage créa­tif. Outre les multiples algos de distor­sion que propo­sait sa V2, outre ses filtres, son delay et sa section de trai­te­ments dyna­miques, ce qui faisait sa grande origi­na­lité tenait surtout dans son proces­seur à convo­lu­tion accom­pa­gnée d’une banque de réponses impul­sion­nelles complè­te­ment barrées : en vis-à-vis des conven­tion­nelles réverbes et enceintes, on y trou­vait tout un tas de bruits complè­te­ment barrés, allant des cris d’ani­maux aux brui­tages les plus divers, qu’il s’agisse de bruits d’eaux, d’ap­pa­reils divers et variés ou de voyel­les… À la faveur de ces dernières, il était possible d’ob­te­nir des choses qu’au­cun autre proces­seur de distor­sion sur le marché n’était en mesure de produire, et notam­ment dans le regis­trer de l’über-distor­sion : bref, un outil vers lequel on se tourne quand même une fuzz pous­sée dans ses retran­che­ments semble un peu trop sage…

Pour cette V3, Izotope a eu à cœur de conser­ver ce qui faisait l’iden­tité de son plug-in, et même de le mettre plus en avant. Si la convo­lu­tion se taille désor­mais la part du lion, nous allons voir que pas mal de choses ont changé par ailleurs, à commen­cer par l’in­ter­fa­ce…

Purple haze

trash3globalExit l’in­ter­face grise skeuo­mor­phique de la V2 : Izotope nous propose avec Trash 3 un tout nouveau flat design cohé­rent avec le reste de sa gamme, et faisant la part belle au noir et au pourpre, ce qui n’est pas sans rappe­ler les partis-pris esthé­tiques d’un de ses prin­ci­paux concur­rents : le Saturn 2 de Fabfil­ter. L’or­ga­ni­sa­tion de l’in­ter­face est quant à elle extrê­me­ment limpide : au sommet, passé le gestion­naire de presets et le réglage du dry/wet, on trouve une inter­face héri­tée d’Ozone permet­tant de défi­nir jusqu’à trois bandes de trai­te­ment, laquelle surplombe les deux prin­ci­paux proces­seurs du logi­ciel : le module de distor­sion et le proces­seur à convo­lu­tion, avec la possi­bi­lité de chan­ger leur ordre d’un simple clic.

Dans chacun de ces derniers, on s’aperçoit que l’édi­teur a poussé les choses un peu plus loin en propo­sant un quadruple trai­te­ment et un pad X/Y permet­tant de doser l’im­pact de ces derniers sur le son. Vous pouvez donc choi­sir quatre types de distor­sion et quatre réponses impul­sion­nelles et jouer des multiples combi­nai­sons que tout ce petit monde vous offre.

  • trash
  • convolve
  • algos
  • impulse

 Un clic suffit pour placer chan­ger l’ordre de ces deux éléments et gouter au bonheur de bâtir des murs sonores en passant une grosse réverbe par exemple dans la plus sale des distor­sions…

envelopefilteroutputEn dessous enfin, trois modules nous attendent : Enve­loppe s’oc­cupe de la dyna­mique et propose de défi­nir l’at­taque et le relâ­che­ment de la compres­sion du signal ainsi que sa modu­la­tion, Filter propose un filtre coupe-haut que Scream permet­tra de faire réson­ner tandis que heat ajou­tera de la vie au trai­te­ment (plus on pousse ce réglage, plus le compor­te­ment du filtre connait des fluc­tua­tions, ce qui le rend plus vivant). Enfin, on dispose d’une section d’en­trée/sortie accom­pa­gnée d’un précieux auto­gain et d’un non moins précieux limi­teur pour pouvoir détruire le signal sans craindre de se détruire les oreilles…

Ultime petit détail qui a son impor­tance : on dispose d’un petit cercle bleu dans plusieurs modules. Ce dernier est un suiveur d’en­ve­loppe qui permet de faire varier le trai­te­ment du module en fonc­tion de l’am­pli­tude du signal entrant, de manière à rendre le trai­te­ment plus orga­nique, plus vivant. Sur le module Trash, il permet même d’au­to­ma­ti­ser le parcours du point entre deux posi­tions sur le pad x/y : de la sorte, on peut ainsi morpher entre deux algos de distor­sion et réser­ver un sort parti­cu­lier aux tran­si­toires. C’est là une excel­lente idée qui permet vrai­ment de sophis­tiquer la vilaine sauce du plug-in, même si, comme nous allons le voir, cette dernière demeure le fait d’un cuisine assez simple…

Les abon­nés absents…

L’in­ter­face a beau en effet être très clair et très bien orga­ni­sée, on se rend vite compte que Trash 3 n’est pas un Trash 2 plus évolué, mais une refonte complète du concept du logi­ciel visant une épure très discu­table. De nombreux modules sont en effet passés à la trappe de l’un à l’autre, ce qui rend à la fois le logi­ciel plus simple d’ac­cès mais réduit forcé­ment sa poly­va­lence. Des deux EQ/filtres de la V2 ne subsiste ainsi qu’un coupe-haut et du compres­seur/gate que la section enve­loppe tandis que le delay d’au­tre­fois s’est fait la malle. En dehors de la possi­bi­lité de permu­ter l’ordre du module de distor­sion et du module de convo­lu­tion, il est à noter égale­ment que la suite des trai­te­ments est désor­mais fixe… De fait, on a beau se dire que Trash 3 gagne de la sorte en simpli­cité, qu’il perd le côté usine à gaz de Trash 2, on n’en est pas moins assez déçu de consta­ter que ce qu’on gagne d’un côté (le quadruple trai­te­ment côté distor­sion et convo­lu­tion), on le perd de l’autre. Il n’est donc pas fonc­tion­nel­le­ment meilleur que son prédé­ces­seur, il est juste plus simple à prendre en main.

En regard de la concur­rence, Trash 3 pêche en outre sur plusieurs points. Sans forcé­ment lui repro­cher de gérer les problèmes de phase comme l’ex­cellent Spice­rack de Process Audio parce qu’il est moins tourné vers l’uti­li­taire de mixage que l’ou­til de sound design, on ne pourra s’em­pê­cher de regret­ter le peu de possi­bi­li­tés offertes du côté des modu­la­tions : en dehors du suiveur d’en­ve­loppe dont nous parlions, qu’on ne peut pas assi­gner à n’im­porte quel para­mètre et qui est absent du module à convo­lu­tion, on ne dispose d’au­cun autre modu­la­teur, qu’il s’agisse d’une enve­loppe, d’un LFO ou d’un séquen­ceur à pas qui permette de faire varier un para­mètre dans le temps. Et c’est d’au­tant plus dommage que les nouveaux pad X/Y permettent de morpher d’une distor­sion à l’autre, d’une réponse impul­sion­nelle à l’autre, de sorte qu’ils se prête­rait merveilleu­se­ment à des modu­la­tions sophis­tiquées. Il faudra donc faire ça à la main dans sa STAN avec de bonnes vieilles auto­ma­tions, ce qui contraste avec la richesse du Dist Cold­fire d’Ar­tu­ria sur ce point précis. Dès lors, on utili­sera Trash 3 parce qu’il peut produire une quasi-infi­nité de distor­sions passion­nantes, des plus sages aux plus sauvages, des plus jolies aux plus crades, mais on le rangera dès qu’on cher­chera quelque chose qui puisse animer le signal au gré de patterns complexes, sachant que l’aban­don du delay n’ar­range pas l’af­fai­re…

TrRRr­raaAAAaassSSSs­shhHHhh !

D’au­cuns feront toute­fois remarquer à juste titre que ce qu’on demande à une distor­sion, c’est de distordre et sur ce point, il n’y a rien à redire. Voyez ce que Trash 3 permet de faire pour vous rassu­rer sur l’à-propos du plug-in, d’abord sur une batte­rie acous­tique :

DRUMS-Dry
00:0000:10
  • DRUMS-Dry00:10
  • DRUMS-Dysto­pian00:10
  • DRUMS-DeepHits00:10
  • DRUMS-Convo­lu­te­dAm­bience00:10
  • DRUMS-LiveA­Lit­tle00:10
  • DRUMS-NoiseArt00:10
  • DRUMS-Rain­Drops00:10

 Puis sur un pattern élec­tro­nique :

eDRUMS-Dry
00:0000:10
  • eDRUMS-Dry00:10
  • eDRUMS-Dirty­Mids00:10
  • eDRUMS-Digi­tal­Burns00:10
  • eDRUMS-Crop­Circle00:10
  • eDRUMS-Endless­Warmth00:10
  • eDRUMS-Reso­nant­Pulse00:10

 Et enfin un rhodes puis un synthé :

eKEYS-Dry
00:0000:10
  • eKEYS-Dry00:10
  • eKEYS-Crun­chy00:10
  • eKEYS-Conso­leIn­Red00:10
  • eKEYS-Cine­ma­tic­Pad00:10
  • SYNTH-dry00:10
  • SYNTH-Endless­Warmth(2)00:10
  • SYNTH-Reso­nant­Pulse(2)00:10
  • SYNTH-Submer­ged­Volt00:10

Voyez comme on peut aussi jouer sur le compor­te­ment du filtre pour obte­nir des choses très inté­res­santes :

DRUMS-Whist­ler
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  • DRUMS-Whist­ler00:10
  • eDRUMS-Whist­ler00:10
  • SYNTH-Reso­nant­Pul­se­Fil­ter­Nut(2)00:10

Cepen­dant que l’in­ter­ac­tion entre le suiveur d’en­ve­loppe, le filtre et la convo­lu­tion permet de se rappro­cher d’ef­fets à modu­la­tion :

DRUMS-Digi­tal­Burns
00:0000:10

Avouons-le donc : Trash 3 est une belle bête hargneuse et l’éven­tail de distor­sions qu’il propose est tout bonne­ment hallu­ci­nant. On lui repro­chera juste de ne pas réus­sir à faire oublier son prédé­ces­seur ; quan­tité d’entre nous se seraient juste conten­tés en effet d’un Trash 2 avec une jolie refonte ergo­no­mique, sachant que l’ajout du quadruple trai­te­ment sur la convo­lu­tion et la distor­sion aurait été la magni­fique cerise sur le gâteau. Il faudra se conten­ter de la cerise sur le palet breton : ce n’est déjà pas si mal mais laisse suffi­sam­ment sur sa faim pour voir de quoi sera fait Trash 4…

054da9aff211-Trash-lite-overview-00-trash-liteDe ce point de vue, chacun appré­ciera le prix proposé par l’édi­teur en regard des avan­cées et reculs de cette version : le plug est proposé autour de 100 euros, ce qui s’avère raison­nable, et peut même être acheté avec un rabais de 20% pendant sa période de lance­ment tandis que les utili­sa­teurs de Trash 2 peuvent mettre à jour pour un peu plus de trente euros… Il sera dur de ne pas craquer à ce prix-là car, en dépit des réserves que nous avons émises, Trash n’a pas de réel concur­rent en dehors des grosses berthas modu­laires façon Melda MXXX/Kilo­hearts Multi­pass, lesquelles sont autre­ment plus puis­santes mais assu­ré­ment moins simples à prendre en main…

Au mini­mum, on télé­char­gera la version gratuite de l’ef­fet qui, pour du gratuit, s’avère vrai­ment excel­lente : on perd bien sûr quan­tité de fonc­tions de la version payante dont la section convo­lu­tion qui fait le plus grand inté­rêt de Trash, mais on se retrouve malgré tout face à un des meilleurs proces­seurs de distor­sion du monde gratuit, que rien n’em­pêche d’uti­li­ser avant ou après un proces­seur à convo­lu­tion… Enfin, on notera que la bête sort aussi sur iPad où ses deux pads X/Y pren­dront tous leur sens ergo­no­mique­ment…

Conclu­sion

Il faut le recon­naître : Trash n’a rien perdu de son origi­na­lité sur le marché des proces­seurs de distor­sion car son usage de la convo­lu­tion, plus déve­loppé encore dans cette version, lui permet de propo­ser des choses qu’on ne trouve pas chez les concur­rents et auxquels les sound desi­gners seront loin d’être insen­sibles. La possi­bi­lité de pouvoir solli­ci­ter quatre algos de distor­sion et quatre trai­te­ments à convo­lu­tion pour chacun des trois bandes offre indu­bi­ta­ble­ment un monde de possi­bi­li­tés. Si on le juge toute­fois en regard de son prédé­ces­seur, on ne peut que regret­ter le taillage à la serpe dont le plug-in a été victime sur le plan fonc­tion­nel et qui fait que Trash 3 n’est pas néces­sai­re­ment meilleur que Trash 2, il est juste diffé­rent, parta­geant avec lui un air de famille plus qu’un héri­tage, avançant sur certains points et recu­lant sur de nombreux autres. De fait, il ne saurait prétendre au titre de proces­seur de distor­sion ultime qu’il a bien failli être, tout en figu­rant, pour son parti pris origi­nal, parmi les armes que tout bon sound desi­gner se doit d’avoir dans son arse­nal…

7/10
Fabrication (?) : États-Unis
Points forts
  • Le son !
  • L’originalité apportée par l’étage à convolution
  • Les fonctions rendant le son plus organique
  • Morphing entre quatre algos de distorsions et quatre réponses impulsionnelles sur trois bandes : voilà qui promet !
  • Une grande polyvalence en matière de distorsion
  • Version gratuite excellente !
  • Version iPad idéale pour piloter les pads X/Y
  • Un prix raisonnable et une offre de mise à jour intéressante...
  • Une interface beaucoup plus moderne et claire…
  • …autrement plus simple à utiliser que Thrash 2…
Points faibles
  • …car pas mal de modules et de fonctions sont passés à la trappe !
  • On aurait aimé plusieurs modèles de filtres multimode
  • Et garder au moins un EQ, le delay et le gate
  • Ça manque aussi clairement de modulations
  • Plus un cousin de Trash 2 en somme qu’un vrai Trash 3
  • Interface non redimensionnable et posant problème dans les plus hautes résolutions
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.