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Fender '62 Jaguar Japan Reissue
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Fender '62 Jaguar Japan Reissue
wooosh wooosh

« "Une japonaise c'est pas une vraie Fender..." »

Publié le 26/01/24 à 09:51
Rapport qualité/prix : Mauvais
Cible : Tout public
Ayant découvert la guitare du haut de mes 14 ans au milieu des eighties, ce fut avec une Jaguar Olympic White de 1962 cachée dans le grenier de mon père à la peinture en fin de vie, que je fis mes premières armes dans le monde de la six cordes.
Mon père, ancien mod des sixties l'avait acheté au milieu des années 60 à un copain, puis il l 'a remisé dans son grenier pendant 20 ans, la vie lui ayant "volé" son âme de rockeur pour quelques années.
Ceci pour vous dire que j'ai une histoire très particulière avec la Fender Jaguar, car ce n'est pas moi qui ai choisi cet instrument mais c'est plutôt l' inverse qui s'est produit. C'est le hasard qui a fait que j'ai joué dessus pendant plus de 35 ans au sein de deux groupes ou seul.
Pour moi une guitare électrique doit être solid-body, avec un manche court et fin, un sustain écorché, un son claquant, brillant, étincelant.. un "look d'enfer" avec des chromes partout, et un bras de tremolo pour faire des trucs bizarres avec. C'est l'innocence juvénile qui m'a enfermé dans cette croyance et dont je ne suis toujours pas sorti.
Mais voilà, il y a une dizaine d'années, un mauvais sort de la vie me l 'a enlevé.
J'en porte encore la marque sur ma joue droite qui s'est vue marquée depuis d'une tâche rouge indélébile.
J'ai alors tout fait pour me re procurer une Fender Jaguar, une vraie, usée, une ancienne pour tenter de me consoler.
Mais au début des années 2010, c'était mort, la côte avait flambé à un point inatteignable pour le jeune père de famille que j 'étais devenu. C'est d'ailleurs là que je me suis rendu compte de la valeur inestimable de cet instrument sur tous les points, en le perdant. C'était un vrai chagrin d'amour, inconsolable à jamais.
J'ai bossé et j 'ai économisé mais pas jusqu'à 5000€, le prix alors d'une Jaguar US des sixties. Puis j 'ai vu une petite Fender à vendre qui ressemblait au corps d'une Mustang mais dotée d'un unique et simple micro. Je suis allé l 'essayer. Elle était de couleur jaune vieilli, crème, un peu fade, mais j 'aimais bien son pickgard noir à la mode seventies et son petit micro envoyait une sacré patate. Je l 'ai achetée pour 680 euros. Comme si j 'étais pressé de retrouver des vieilles sensations avec un vieux manche short-scale et surtout : fin!
Ah oui, j 'oubliais, c'était une Musicmaster de 1979.
Elle m 'a consolé un certain temps, puis...ben non ce n'était pas ça.
Je me suis alors remis en quête de l 'objet ultime en ouvrant des centaines d'annonces de Jaguar mais je ne trouvais pas. J'ai songé à en acheter une neuve, mais non impossible, je voulais qu'elle soit griffée, écaillée, rouillée comme "la mienne".
J'ai alors écrit à un gars qui en vendait une, mais ni neuve, ni ancienne et...ni américaine. Ah là là...
Oui c'était une obsession, il me fallait une Jaguar à tout prix, et ayant réalisé que je ne pourrais plus jamais en avoir une de 1962, je me suis résigné. Comme si je n 'avais plus le choix.
Elle était surf green, matching headstock, avec un pickguard tout blanc polaire en plastique. Derrière c'était écrit "Crafted in Japan" en bas du manche.
On aurait dit qu'elle sortait du magasin, toute brillante, aucune griffe, aucune tâche.
J'ai proposé au gars de l'échanger contre la Musicmaster, il a dit ok pourquoi pas.
J'ai fait 3h de route en embarquant ma femme et mes trois enfants "en week-end " dans le Limousin pour aller la voir.
Et je suis reparti avec après l 'avoir essayé quelques minutes.
En rentrant, je l 'ai branchée sur mon Mesa Boogie mark2A.
Quelle déception! Les micros délivraient un son aigu et tellement strident que j 'au dû corriger l'égalisation sur l 'ampli. Moi qui avait l'habitude de régler les switchs en position quinconce, j'ai dû m' adapter. J'ai modulé les potards, essayé sur le deuxième circuit "jazz" que je n'utilisais jamais. Mais non, je ne retrouvais plus ce son compressé naturel, mordant, sauvage, ondulant entre les mediums sombres et les aigus claquant. Le volume de sortie était incomparable à l 'autre. La manoeuvre du vibrato était très courte et le bras tombait tombait une fois sur deux!.
J'ai alors repensé à mon père qui me matraquait toujours "une japonaise c'est pas une vraie Fender...".
Je me suis dit "Allez c'est pas grave, tu vas t'en sortir, transforme là et fais-en une guitare unique, TA guitare!"
Et j 'ai décidé de commencer par les micros. J 'ai cherché et j'ai opté pour des Seymour Duncan SJAG 3 Quarter Pound. J'ai commencé la pose moi-même puis je me suis fait aider d'un luthier qui n'a trouvé d'autre solution que d'enlever les griffes chromées pour lutter contre un larsen intempestif en son gras. Pour préciser que j'utilise toujours le drive naturel de mon ampli et non d'une pédale.
Ca s'est arrangé. Le son est alors devenu plus riche, mieux défini et plus équilibré dans le spectre. Mais attention, ce n 'est pas pour autant que j'ai de nouveau vibré. La guitare est devenue jouable mais sans plus. Pas vraiment de personnalité. Pour le soucis du vibrato, j 'ai laissé tomber l 'affaire et j 'ai fini par perdre le bras. Je me suis adapté en ne l 'utilisant plus.
Mais là où j'ai recommencé à m' arracher les cheveux, c'est en essayant de rejouer des compos en open-tuning et que les notes ne passaient plus qu'à moitié!
Et là j 'ai compris que le manche étant plus large, l'écart entre les cordes n'était plus le même, donc deux cordes du milieu me délivraient des notes à moitié mutées!
Quel cauchemar! Bon ben, là c'est fini, ça va s'arrêter là. J 'ai songé un temps à remplacer le manche, car je ne supportais plus cette nouvelle position de la main sur un manche plat et large. Mais quel projet encore coûteux et surtout au résultat incertain.
J' ai arrêté la guitare quelque temps et je l 'ai accroché sur le mur à côté d'une cousine basse, et quelques années ont passé.
Le nouveau hasard de la vie m' a offert une Musicman Sabre 2 sunburst de 1979, au vernis nitro tout mat et usé que je ne quitte plus mais c'est un autre sujet.
J'ai fini par vendre la Jaguar CIJ 8 ans après l 'échange, et j'ai réussi à soigner, ou plutôt à vivre avec le traumatisme d' avoir perdu une des plus belles guitares au monde, celle que m 'avait donné mon père.

En conclusion, je sais que beaucoup me reprocheront d'avoir confondu mon aventure intime avec un avis qui aurait dû être plus objectif. Je l 'assume totalement et c'est là aussi l 'intérêt de partager une expérience personnelle pour tenter d'ouvrir les yeux à des aficionados de Fender comme moi sur beaucoup de fumisterie depuis plus de trente ans dans la production.
Et pour clamer haut et fort que je suis outré des côtes actuelles sur ces guitares de l'extrême orient et qui, de mon point de vue, ne valent pas plus de 500€ sous leur vilain vernis polyuréthane, leurs micros stridents, leur cosmétique bas de gamme et leur manche de bûcheron. Un point positif tout de même, la solidité de l 'électronique et la tenue de l 'accordage correcte.